Bilan d’un échange original
Suite et fin du projet d’échange entre deux groupes d’adolescents diabétiques québécois et genevois avec le récit de leur expérience en Suisse et au Canada.
Pour que notre projet puisse se réaliser, nous nous sommes tous (accompagnateurs, adolescents et leurs familles) beaucoup investi. Entre les demandes auprès des sponsors, les ventes de stylos, de pâtisseries, de t-shirts et le dîner de gala organisé à Corsier, nous n’avons pas eu de repos. Nous avons réussi à récolter une somme importante, ce qui montre la motivation extrême et l’implication de nous tous. Partir avec un groupe d’adolescents à l’étranger n’est déjà pas évident et si on y ajoute le diabète, cela devient presque de l’inaccessible… et pourtant nous l’avons fait avec succès !
La première semaine de juillet, nous avons accueilli les adolescents québécois dans nos familles à Genève. Quelle excitation régnait à l’aéroport quand, enfin, nous les avons vus ! Les binômes ayant déjà été définis lors de la dernière visioconférence, chaque adolescent a trouvé sa famille. Le lendemain, les activités en groupe ont commencé : visite de Genève, baignade aux Bains des Pâquis, vieille ville, O.N.U, puis nous sommes partis pour une randonnée en montagne de deux jours, avec nuit à la cabane de Moiry et visite de Zermatt. Ont suivi la visite de la Gruyère avec dégustation de spécialités, celle d’une chocolaterie et une soirée au festival de Montreux. Nous avons passé une journée à Aqua-park, dansé le tango et partagé nos expériences en tant que diabétiques lors d’une soirée thématique.
Le samedi 9 juillet, tout le monde s’est retrouvé à l’aéroport : les 22 adolescents québécois et genevois ainsi que les 6 encadrants (2 infirmières de chaque pays et 4 jeunes diabétiques de type 1) pour prendre l’avion en direction de Montréal. A leur tour, les jeunes Québécois allaient nous faire découvrir pendant une semaine leur expérience de vie.
A Montréal, les adolescents genevois ont été accueillis dans leurs familles respectives. Nous passions les journées tous ensemble à visiter la ville de Montréal. Nous nous sommes baladés dans les rues de Terrebone, puis dans le Vieux-Port, au Biodôme, au parc d’attractions « La Ronde » et au parc olympique. Puis, nous avons passé notre dernier repas tous ensemble avec les familles dans une cabane à sucre.
Les encadrants, infirmières et adultes diabétiques, étaient disponibles pour les jeunes, pour les conseiller afin de gérer au mieux leur diabète. Rappelons que le diabète de type 1 est une maladie chronique. Le pancréas ne secrète plus d’insuline, l’hormone qui permet le transport des glucides dans le sang, nous apporte l’énergie nécessaire. Plusieurs fois par jour, les diabétiques doivent donc contrôler leur taux de sucre dans le sang et s’injecter de l’insuline pour compenser ce déficit.
Le rôle des accompagnants était d’instaurer un certain cadre afin de pouvoir intervenir si cela s’avérait nécessaire, mais sans être trop derrière eux, pour leur permettre d’expérimenter de nouvelles situations en toute sécurité. Ils se sentaient à l’aise avec leur diabète, en parlaient ouvertement d’égal à égal et cela a permis à certains adolescents de s’extérioriser et même de revendiquer leur maladie.
Chacun a vécu sa propre expérience, mais une chose est sûre : tous doivent vivre avec le diabète et c’est cette cohésion et ce soutien mutuel qui a enrichi notre échange et en a garanti le succès. Les hypoglycémies (baisses du taux de sucre dans le sang) arrivaient souvent après le sport ou en fin de journée après une grande excursion. Les hyper, après les repas, surtout lors des dégustations de sirop d’érable. Les ajustements étaient impératifs parce que la nourriture était différente de celle que l’on trouve en Suisse. « Combien d’insuline tu ferais ? », « à combien tu estimes la quantité de glucides ? » : les échanges fusaient et l’apprentissage s’est fait par les paires. Malgré les chamboulements dus au décalage horaire et aux habitudes alimentaires différentes, tout s’est merveilleusement bien passé dans l’ensemble. L’engagement et la motivation de tous ont permis que ce projet soit un grand succès.
« Tout était parfait »
« J’ai beaucoup aimé ce voyage qui m’a montré que gérer mon diabète n’était pas si dur que cela… Nous avons tous retenu de ce voyage un super souvenir et une plus grande maturité ».
« Je n’aurais jamais imaginé que la rupture avec nos compagnons québécois serait aussi dure. Ils font maintenant partie de nos vies. De plus, la maladie nous lie davantage. »
« Ce voyage m’a permis de mûrir, de m’occuper tout seul et aussi de découvrir de
nouveaux amis ».
« Cette semaine a été riche en émotions et en découvertes… Puis, trop rapidement, le jour du départ pour rentrer en Suisse est arrivé. On était tous là, les 22 jeunes qui étaient dans le projet. Cette séparation a été très difficile car on avait créé des liens très forts entre nous. Presque tout le monde pleurait et c’était très triste ».
« Les avantages : j’ai beaucoup aimé que les accompagnants… viennent s’occuper de moi pour que je puisse me prendre en main. Au départ, cela m’a énervé, mais ensuite, j’ai compris qu’ils ne voulaient que mon bien. Merci à vous trois, je vous aime ! Les désavantages ? Rien, tout était parfait. »
« Pour ma part, ce qui m’a motivé à participer au projet était tout d’abord le vol en avion. Comme je n’avais jamais pris l’avion, j’ai trouvé rassurant d’être encadré par des gens expérimentés et par une infirmière. Les relations humaines lors de cet échange ont certainement été le point le plus marquant et le plus positif selon moi. »
« On a également pu tester notre indépendance face au diabète, chose importante à faire ! »
« Au-delà du diabète et de notre quotidien, nous avons pu voir que d’autres personnes vivent la même chose que nous… Nous nous sommes fait des amis en or. Une amitié qui durera longtemps malgré la distance. Ils vont beaucoup me manquer… J’ai eu des sensations fortes qui ont resserré les liens. Je trouve que c’était vraiment magnifique ».
« Je ne pense pas que j’aurais pu vivre une plus belle expérience que celle-ci… J’ai trouvé tellement fou que tout le groupe soit diabétique et, au fond, on ne s’en rend même pas compte. J’ai rencontré des gens formidables qui sont devenus mes amis. Maintenant, j’ai l’impression qu’il me manque la moitié d’une famille. On attend plus que de renouveler l’expérience. »