Diabète et grossesse
La grossesse est parfaitement compatible avec le diabète. Une prise en charge multidisciplinaire, et la plus précoce possible, permet de mener sans problème la grossesse d’une femme diabétique, qui comporte des risques plus élevés que celle d’une femme non diabétique.
Par Patricia Bernheim
Pour une femme diabétique de type 1, il est essentiel qu’elle avec son médecin de son envie d’avoir un enfant, avant qu’elle soit enceinte et en associant à cette démarche son conjoint et des proches de sa famille. C’est l’occasion de clarifier les doutes, les craintes et les préjugés face à cette situation. Mener une grossesse à terme sans souci, ni pour elle ni pour l’enfant, est en effet intimement lié au contrôle de la glycémie avant même la conception.
Un diabète bien contrôlé pendant les trois mois qui précèdent la grossesse et pendant toute la durée de celle-ci permet d’éviter les complications de la grossesse et de l’accouchement. Gérer son diabète lorsque l’on est enceinte est très différent, puisque la grossesse aggrave le diabète.
Durant la grossesse, l’organisme de la mère subit en effet de profondes modifications. A partir de la 5e semaine, et en quantité toujours plus grande jusqu’au terme, le placenta sécrète des hormones qui augmentent l’insulinorésistance de l’organisme. Chez la femme non diabétique, le pancréas s’adapte et la sécrétion d’insuline augmente au fur et à mesure de la grossesse.
Chez la femme diabétique, en revanche, il y a un accroissement du déséquilibre glycémique et les besoins d’insuline augmentent considérablement.
Un suivi du taux de sucre sanguin plus rigoureux
Cette modification peut avoir comme conséquence une adaptation du traitement: le but est d’obtenir un taux de sucre dans le sang (glycémie) plus proche de la normale grâce à une intensification de l’autosurveillance de sa glycémie afin d’adapter le traitement à l’insuline. Si la femme diabétique ne modifie pas son traitement et ses habitudes, elle risque, d’une part, tous les troubles liés à un diabète mal équilibré et, d’autre part, elle fait prendre des risques à son bébé.
Avec ce contrôle, le risque pour le bébé peut être ramené à celui de la population générale si la glycémie est normalisée dans les mois qui précèdent la conception. En milieu et en fin de grossesse, à l’accouchement, les risques pour le bébé sont accrus si le diabète est mal contrôlé. C’est pour ça qu’il est recommandé d’accoucher dans un hôpital disposant d’une infrastructure néonatale.
Pour la mère, le poids excessif possible du bébé peut compliquer l’accouchement et nécessiter une césarienne. Les infections post-partum et une hypoglycémie sont aussi à surveiller. La grossesse d’une jeune femme diabétique nécessite donc une prise en charge par une équipe multidisciplinaire. L’élément essentiel du bon déroulement de la grossesse, pour la mère comme pour l’enfant, est le maintien de la glycémie dans les valeurs normales. Cela passe en priorité par un programme d’alimentation personnalisé, à établir avec une diététicienne. Lorsqu’il est associé à une bonne hygiène de vie (repos, sommeil et activité physique adaptée à la grossesse), il suffit en général à assurer un bon contrôle de glycémie, donc à mener la grossesse à terme en toute quiétude.
Le diabète gestationnel
Le diabète gestationnel se manifeste par une augmentation du taux de sucre dans le sang qui survient uniquement durant la grossesse. Cette intolérance au glucose, de sévérité variable, se détecte vers la fin du 2e trimestre de la grossesse et au 3e trimestre, ce qui ne veut pas dire que la future maman était déjà diabétique.
Il apparaît dans 4% à 6% des grossesses et affecte la mère aussi bien que le fœtus. Habituellement, lors d’une grossesse, la fabrication et la libération d’insuline produite par le pancréas sont augmentées progressivement pour maintenir la glycémie à un niveau normal. Chez certaines femmes enceintes, le pancréas ne sécrète pas cette insuline additionnelle, ce qui a pour conséquence l’apparition d’un diabète gestationnel.
Les facteurs de risque sont aujourd’hui bien connus: antécédent familial de diabète, antécédent de diabète gestationnel ou d’intolérance au glucose lors d’une grossesse précédente. Parmi les autres facteurs de risque figurent un excédent de poids avant la grossesse, une prise de poids excessive pendant la grossesse en cours ainsi que l’hypertension. Comme c’est souvent le cas avec les autres types de diabète, le diabète gestationnel est silencieux: la femme enceinte ne souffre d’aucun symptôme évident. C’est la raison pour laquelle chaque femme devrait être dépistée systématiquement entre les 20e et 25e semaines, ou plus tôt si la future maman présente plusieurs facteurs de risque.
Mais, parfois, il se manifeste sous la forme d’une fatigue inhabituelle, d’une soif exagérée ou d’une augmentation du volume des urines. Des symptômes qui imposent une consultation chez le médecin dès leur apparition. Si le diabète n’est pas traité pendant la grossesse, la mère risque en effet plusieurs complications, telles que de l’hypertension ou des problèmes cardiovasculaires. Pour ne pas exposer le bébé, il est donc essentiel de détecter et traiter les troubles diabétiques dès le début de la grossesse.
Dans la majorité des cas, le diabète gestationnel se régularise après l’accouchement sans besoin de traitement. Mais les risques de développer un diabète dans les années qui suivent sont accrus si un excès de poids est maintenu. C’est la raison pour laquelle il est recommandé de surveiller son poids, de pratiquer des activités physiques plusieurs fois par semaine et de vérifier le taux de sucre quelques mois après l’accouchement pour s’assurer qu’il est redevenu normal.
De même, avant d’envisager une autre grossesse, une consultation chez le médecin est justifiée, de manière à dépister et traiter précocement un éventuel diabète gestationnel.