Mais d’où viennent ces virus tueurs ?
Depuis près de 20 ans, les Nations Unies mettent en garde contre les deux principales menaces pour l’humanité : le changement climatique et les infections. Depuis lors, nous avons eu le SRAS, l’Ebola, la vache folle, la grippe aviaire… et aujourd’hui le corona. Mais d’où viennent ces virus mortels ? *
Il y a 10'000 ans, la rougeole, la variole, la typhoïde, la coqueluche, la grippe et même le rhume n’existaient pas chez l’homme… jusqu’à la domestication des animaux. Cette nouvelle proximité avec les animaux a permis le transfert des maladies dont ils étaient porteurs à l’homme (zoonose) : la rougeole transmise par la vache et le mouton, la variole par le chameau, la typhoïde par le poulet, la coqueluche par le porc, la grippe par le canard et le rhume par le cheval. Elles ont provoqué au fil du temps des centaines de millions de morts.
A la fin du 18ème siècle, le premier vaccin (variole) apparaît. Il sera suivi de nombreux autres jusqu’au milieu du 20ème siècle, où la découverte des antibiotiques va permettre la maîtrise progressive de nombre de maladies infectieuses. En 1968, le ministre américain de la santé a déclaré solennellement que : « la guerre contre les maladies infectieuses est gagnée » ! Mais, quelques décennies plus tard, de nouvelles maladies infectieuses ont émergé.
Qu’est-ce qui a changé au cours de ces années ? Notre relation à la nature et aux animaux.
D’abord la déforestation. Elle est due au développement de mégapoles, aux élevages tels que la « beef industry » et à la chasse intensive des animaux sauvages. En plus, l’atteinte à l’environnement, la déforestation a profondément perturbé le biotope et la vie des animaux et a créé une nouvelle promiscuité qui a permis la transmission de leurs maladies à l’homme.
Et puis il y a les choix culinaires. Par exemple, la consommation de primates, porteurs de virus facilement transmissibles à l’homme a favorisé l’Ebola et le SIDA. Ou encore les graines de café digérées par la civette et récupérées dans ses fèces pour faire… un café « spécial », responsable du SRAS et dont le Lancet a dit : «… un choix culinaire en Chine du Sud qui a conduit à une infection fatale à Hong Kong… » et dans le monde.
En 2004, le rapport conjoint de WHO/FAO/OIE concluait que le risque principal de zoonose était lié à la forte demande de nourriture animale et à l’élevage industriel intensif. Ce type d’élevage est le pire traitement que l’on puisse infliger à un animal. A tel point qu’il exige de bourrer les animaux d’antibiotiques pour qu’ils puissent survivre aux conditions extrêmes auxquelles ils sont soumis.
Dans un élevage industriel intensif de poulets par exemple, on peut en effet trouver plus d’un million de poulets sous un même toit, les uns sur les autres. Il suffit qu’un seul de ces poulets ait été contaminé par un virus inoffensif de canard sauvage, par exemple, sur un marché aux animaux, pour que non seulement toute la population de poulets de l’élevage soit infectée, mais surtout que la promiscuité permette au virus de faire des milliards de mutations pour devenir contagieux et mortel pour l’homme… et créer une pandémie!
Malgré les avertissements répétés des organisations internationales, la pandémie du corona virus a surpris tout le monde. L’absence de préparation de la plupart des pays touchés est à cet égard stupéfiante. La pénurie de tests, de matériel de protection et de traitements montrent à quel point les mises en garde n’ont pas été suivies d’effet.
J’aimerais profiter de remercier ici l’engagement sans limites des professionnels de la santé et de tous ceux qui permettent au système de soins de bien fonctionner. Malgré le chaos organisationnel, ils réussissent à surmonter l’épuisement, tant physique qu’émotionnel, afin d’assurer un accompagnement de qualité pour toutes les victimes du virus.
Que nous réserve l’avenir ?
Tant que nous n’aurons pas changé notre rapport à la nature et aux animaux et supprimé les élevages intensifs, toutes les conditions favorisant l’éclatement de nouvelles pandémies seront toujours présentes. On pourrait presque dire qu’on a de la chance avec le corona virus, dont la mortalité n’est « que » de 0.5 à 2%. Que se serait-il passé si à sa place nous avions eu un H1N1, devenu contagieux par mutation, qui tue une personne infectée sur deux ?
Ce scénario dantesque est pourtant bien réel. Espérons par conséquent que les plus hautes autorités au niveau mondial sauront tirer les leçons de ce qu’il faut considérer comme un coup de semonce et légiféreront pour renforcer notre respect de la nature et des animaux.
Cela étant, il y a un moyen plus efficace et plus rapide pour diminuer le risque de nouvelles pandémies : diminuer fortement voire totalement sa consommation de nourriture animale. Un tel changement d’habitudes alimentaires aurait en effet 3 répercussions positives à la fois sur notre santé et celle de la planète :
- Réduction d’environ 80% des maladies chroniques, qui comptent pour 75% de la mortalité et qui sont dues à la consommation de nourriture animale riche en graisses saturées, en toxines et en germes induisant de nombreuses maladies chez l’homme,
- Renforcement de la santé par une consommation accrue de végétaux bio dont de nombreuses études montrent qu’ils protègent des maladies en boostant l’immunité et surtout parce qu’ils ne contiennent pas de germes transmissibles à l’homme,
- Suppression d’une des causes importantes de la déforestation et des pandémies : les élevages intensifs favorisant les mutations virales. Ceux-ci seraient en effet amenés à disparaître, s’il y avait une réelle baisse de la demande de nourriture animale.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, nos choix alimentaires peuvent donc faire la différence. Notre santé et celle de la planète passent par notre assiette ! Pourquoi ne pas profiter de cette période de confinement pour explorer l’alimentation végétarienne, voire même végane ? En plus de réduire le risque d’infection au corona et nous protéger de ses complications, elle nous permet d’apporter notre contribution à la sauvegarde de la planète.
JPh de Toledo
Président
*Cet article est inspiré de la présentation de Dr Michael Greger, Directeur santé publique, Washington DC, USA
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