Le tour de taille, un bon indicateur de notre santé

L’excès de poids est le sixième plus important facteur de risque de maladies chroniques dans le monde; 1,1 milliard d’adultes et 10% des enfants sont désormais classés comme étant en surpoids ou obèses. En Suisse, selon une étude récente d’HealthEcon, 37,3% des Suisses présentent un excès de poids et près d’un homme sur deux souffre de surcharge pondérale.
Par Jean-Charles Bastard, pharmacien
Une étude du New England Journal of Medicine au titre explicite «A potential decline in life expectency in the United States in the 21st Century» doit nous rendre attentif à l’impact du surpoids sur l’espérance de vie dans nos sociétés occidentales qui pourrait diminuer dans les années futures. En attendant un potentiel déclin de l’espérance de vie de la population, il est déjà très bien démontré que l’obésité a un effet négatif sur la longévité. La réduction de la durée de vie des personnes souffrant d’obésité sévère est estimée entre cinq et vingt ans pour les jeunes adultes selon une étude du Journal American Medical Association, tandis qu’une personne obèse à l’âge de 40 ans perd sept années d’espérance de vie.
A titre individuel, il est difficile d’agir sur le déclin potentiel de l’espérance de vie de nos populations occidentales dû à l’épidémie d’obésité. Néanmoins à titre personnel, il est important de savoir si nous avons un risque accru de développer une maladie et de perdre des années de vie à cause de notre poids. C’est la raison pour laquelle tout un chacun devrait connaître les indicateurs pour évaluer son risque de maladies associées à un excès de poids et agir le cas échéant afin de protéger sa santé.
Les indicateurs
L’indice de masse corporelle (IMC) est une bonne mesure pour évaluer l’adiposité générale de notre corps et les risques de problèmes de santé associés à l’excès de poids. En effet, le poids d’un individu n’est pas un bon indicateur, car il est facile de comprendre que ce n’est pas la même chose de peser 90 kilos si l’on mesure 1 m 60 ou 1 m 90. L’IMC (kg/m2) permet d’évaluer un excès de poids en fonction de notre taille et il est obtenu en divisant le poids (kg) par la taille (m) au carré. L’IMC est depuis longtemps reconnu comme un indicateur prédictif de la mortalité due aux nombreuses maladies chroniques associées au surpoids, dont les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et certains cancers.
Aujourd’hui, une autre mesure présente un intérêt tout particulier pour évaluer de façon plus précise les risques liés à l’excès de poids. Il s’agit du tour de taille qui est un marqueur de l’obésité abdominale. En effet, les travaux de recherche de ces dernières années ont prouvé que la localisation de la graisse au niveau du corps est beaucoup plus importante que la quantité totale de graisse stockée au niveau du corps. Seule la graisse située au niveau de l’abdomen augmente le risque de développer une maladie chronique, tandis que la graisse des autres parties du corps n’est pas dangereuse pour notre santé.
La graisse abdominale a longtemps été considérée comme un tissu de stockage inerte, mais elle est en réalité un véritable tissu endocrinien qui sécrète de façon continue des molécules très toxiques pour notre organisme, telles que des acides gras libres, des cytokines pro-inflammatoires et des radicaux libres (molécules oxydantes) qui jouent un rôle essentiel dans la genèse des maladies cardiovasculaires, du diabète de type 2 et du cancer.
Afin de mettre en évidence cette réalité physiopathologique, une étude a comparé l’IMC et le tour de taille comme indicateur prédictif des troubles métaboliques liés à l’obésité (hypertension, hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie). Dans cette étude, les personnes en surpoids et obèses ont un risque de troubles métaboliques qui est comparable à celles de poids normal et ayant la même valeur de tour de taille ! Ces résultats surprenants suggèrent que le tour de taille est un meilleur marqueur de risque pour la santé que l’IMC et par conséquent l’accent devrait davantage être mis sur le tour de taille pour la classification des risques de l’obésité.
Tour de taille et mortalité
Le tour de taille étant fortement corrélé à la graisse viscérale, il est donc un indicateur du risque de mortalité causée par la graisse abdominale. Le tour de taille est un indicateur très précis, car il permet de mettre en évidence une augmentation de la mortalité chez les personnes qui n’ont pas de surpoids et ne sont pas obèses. Une étude publiée dans l’American Journal of Epidemiology a conclu que les personnes qui ne présentent pas de surpoids (IMC entre 18,5 et 25) et qui ont un tour de taille élevé (>102 cm chez les hommes et >88 cm chez la femme) ont un risque de mortalité augmenté de 20% par rapport aux personnes avec un IMC normal et un tour de taille normal. Le fait que des personnes ayant un IMC normal mais un tour de taille élevé avaient un risque plus élevé de mortalité encourage fortement à prendre en considération le tour de taille comme facteur de risque de mortalité en plus de l’IMC.
Dans l’étude Nurses Health Study, les femmes avec un tour de taille élevé ont une mortalité, toutes causes confondues, augmentée de 79%, une mortalité cardiovasculaire qui double et une mortalité par cancer augmentée de 63%. De plus, il est important de noter qu’un tour de taille élevé (>88 cm) multiplie par trois la mortalité cardiovasculaire chez les femmes avec un poids normal (IMC entre 18,5 et 25).
Cancer
L’obésité est l’une des causes les plus importantes connues et évitables de cancer. Environ 10% des décès par cancer chez les non-fumeurs sont liés à l’obésité. Le Centre international de recherche sur le cancer (OMS) estime que le surpoids et l’inactivité physique sont responsables d’un quart à un tiers des cancers du sein, du côlon, de l’endomètre, du rein et de l’œsophage. C’est la raison pour laquelle le tour de taille est également un bon marqueur du risque de cancer. Par exemple, le risque de cancer du côlon augmente de 33% chez les hommes et de 16% chez les femmes pour chaque augmentation de 10 cm de tour de taille.
Prévention Le maintien d’un poids santé devrait continuer à être la pierre angulaire dans la prévention des maladies chroniques et d’une mort prématurée, mais il est très important également de maintenir son tour de taille pour se protéger contre l’obésité abdominale et les maladies chroniques associées.
Prévention
Le maintien d’un poids santé devrait continuer à être la pierre angulaire dans la prévention des maladies chroniques et d’une mort prématurée, mais il est très important également de maintenir son tour de taille pour se protéger contre l’obésité abdominale et les maladies chroniques associées.