Du piquant de porc-épic à la brosse à dents électrique

De nombreuses découvertes archéologiques laissent supposer que prendre soin de ses dents est une pratique très ancienne. Petit survol des techniques d’hier et d’aujourd’hui.
Par Patricia Bernheim
Jusqu’au XVe siècle, on se frotte et on se cure les dents, en général avec des végétaux, mais on ne se les brosse pas. Au Moyen-Orient, en Afrique comme en Inde, les archéologues ont retrouvé quantité de petits outils qui ont permis de se nettoyer la cavité buccale: cure-dents, bâtons à mâcher, ramilles, bandes de tissu, plumes d’oiseaux, os d’animaux ou encore piquants de porc-épic. En Inde, le bâtonnet pour se curer les dents avait une extrémité effilochée qu’on assouplissait dans de l’eau de rose. Au Moyen-Orient, on utilisait couramment un miswak, un bâtonnet provenant de la racine de l’arak, surnommé l’arbre à brosse à dents. Pour compléter le nettoyage, les dents étaient frottées avec des plantes aux propriétés purificatrices ou on mâchouillait des brindilles.
Vers 1498, les Chinois inventent l’ancêtre de notre brosse à dents en fixant des poils de soie, de porc ou de sanglier, sur un manche. Elle apparaît pour la première fois en France sous le règne de Louis XV, peut-être importée par un voyageur, et est longtemps restée un objet de luxe réservé aux hautes sphères. Il faudra attendre 1818 afin que le premier brevet pour un prototype de brosse à dents soit déposé, et 1870 pour une diffusion à une plus large échelle. Mais c’est dans la seconde moitié du XXe siècle, grâce au nylon, que la brosse à dents se démocratise et, avec elle, l’hygiène buccodentaire.
Caries et gingivites
Aujourd’hui, brosses à poils doux ou durs, ergonomiques ou électriques, fil dentaire, brossettes et bains de bouche figurent parmi les moyens de lutte contre les caries et les infections de la gencive. Leur source, ce sont les bactéries présentes dans la plaque dentaire, qui transforment les sucres des aliments en acides. Lorsque cette plaque n’est pas éliminée régulièrement, la formation de caries est favorisée ainsi que la gingivite, ou inflammation des gencives. Celle-ci se manifeste par une gencive légèrement rouge et enflée ou des saignements lors du brossage. Avec les années, une gingivite non traitée risque d’évoluer en parodontite. L’infection s’étend vers les tissus autour de la dent qui perd de sa stabilité, se déchausse et finit par tomber.
Les bactéries présentes dans la plaque peuvent aussi atteindre le système sanguin et causer des infections plus graves. Elles peuvent se déposer sur les valves cardiaques (endocardite infectieuse), les articulations (arthrite) et sur les reins (néphrite).
Mauvaise haleine
La mauvaise haleine est souvent due aux bactéries présentes en trop grande quantité dans la bouche. Ces bactéries prolifèrent en se nourrissant des restes d’aliments, de morceaux de peau morte et de mucosités nasales. Pour empêcher qu’elles ne se développent, il faut donc les priver de nourriture grâce à une hygiène buccale irréprochable.
Avoir une bonne haleine est, pour une large part, une affaire d’hygiène buccale mais aussi alimentaire. Or, les règles d’hygiène alimentaire qui permettent d’éviter la mauvaise haleine vont, dans une grande mesure, dans le même sens que les recommandations visant à limiter les risques de maladies, telles que le cancer, l’obésité, le diabète ou les maladies cardiovasculaires.
Ainsi, les aliments sucrés et riches en protéines, qui figurent parmi les principaux responsables de ces maladies, favorisent le développement des bactéries anaérobiques à l’origine de la mauvaise haleine ainsi que celui des caries dentaires, également sources de mauvaise haleine. En réduisant la consommation de sucre et de viande, on améliore donc son haleine et son état de santé général.
Une mauvaise hygiène dentaire reste la cause principale de la mauvaise haleine, mais un certain nombre de maladies peuvent aussi en être la cause. Si, malgré les soins que vous apportez à votre bouche, le problème surgit ou perdure, mieux vaut consulter un médecin ou un dentiste.
Soins buccodentaires : le b.a-ba
- Se brosser les dents durant deux à trois minutes, deux à trois fois par jour, de préférence de la racine vers le bord de la dent pour ne pas agresser la gencive et pour décoincer les éléments qui se trouvent entre les dents. Les brosses électriques rotatives éliminent davantage de plaque que la brosse traditionnelle. Changer de brosse à dents tous les deux mois.
- Utiliser du fil dentaire ou une minibrosse pour déloger les résidus coincés entre les dents.
- Terminer avec un bain de bouche.
- Nettoyer la langue au moins une fois par jour à l’aide d’un grattoir pour réduire les bactéries et la mauvaise haleine.
- Consulter régulièrement un dentiste pour effectuer un détartrage complet et soigner les éventuelles caries.
- Saliver suffisamment. La salive a des propriétés antibactériennes naturelles et saliver rince naturellement la bouche en entraînant les résidus alimentaires vers l’estomac. Pour bien saliver, il faut boire abondamment (de l’eau de préférence...) ou mastiquer un chewing-gum sans sucre, très stimulant pour la salive.
- Arrêter le tabac qui abîme la muqueuse de la bouche et s’attaque aux dents en les noircissant. Modérer la consommation d’alcool.
- Opter pour les remèdes naturels : le persil, le thé vert, le clou de girofle, l’anis étoilé, la cannelle, le romarin, le thym, la verveine et la menthe possèdent des propriétés antibactériennes permettant de lutter contre la mauvaise haleine. A mâchouiller ou à prendre sous la forme de tisanes au réveil, au coucher et après certains repas particulièrement arrosés.