Que peut-on attendre d'Alli?
Destiné au traitement de la surcharge pondérale chez l’adulte, le programme Alli est en vente libre en Suisse depuis janvier 2010. Présentation de ce traitement par le professeur Alain Golay, médecin chef du Service thérapie des maladies chroniques des HUG.
«J’ai déjà essayé de perdre du poids, mais j’en reprends toujours.» «Pourtant, je sais très bien ce que je devrais faire, mais je n’y arrive pas.» Combien de fois ai-je entendu ces aveux pessimistes dans ma consultation! Un changement de comportement, progressif mais pour «toujours», est la clé du succès. Que pouvez-vous diminuer, modifier dans votre vie, qui ne vous coûte pas trop cher psychologiquement et qui soit efficace pour votre poids? Toutes les études épidémiologiques montrent que, plus l’alimentation est riche en graisses, plus le poids corporel est élevé. La relation graisse alimentaire-graisse corporelle est non seulement très importante, mais aussi tellement logique: 40% de graisse alimentaire entraîne une composition corporelle d’environ 40% et une obésité entre 35 et 40 kg/m². A l’inverse, une alimentation contenant 30% de graisses ramène une composition en graisses avoisinant 30% et, surtout, la disparition de l’obésité. Ces remarques sont souvent justes, à l’exception des gros mangeurs de sucre ou des consommateurs d’alcool.
Chasser l’excès de graisses Ces réflexions préliminaires sont proposées pour vous convaincre qu’il faut avant tout «chasser» l’excès de graisses dans votre assiette. Tout d’abord, essayez de repérer la quantité d’huile (beurre) utilisée dans votre façon de cuisiner. Pouvez-vous diminuer progressivement vos graisses cachées, dans les fromages, les charcuteries, les biscuits, les chocolats, entre autres? Une petite diminution quotidienne de 30 g de graisses (300 kcal) entraîne une perte de poids conséquente d’environ 10 kg par année.
Il y a plus de trente ans, quelques chercheurs ont imaginé qu’on pouvait chasser la graisse de l’intestin en inhibant les enzymes (lipases) qui permettent de digérer les graisses alimentaires. Le Xenical, et aujourd’hui Alli, sont des médicaments très intéressants pour une perte de poids. En inhibant l’absorption de 25% des graisses ingérées, les patients obèses ont observé des pertes de poids significatives sur plusieurs mois. Ces médicaments, n’étant pas absorbés, présentent peu d’effets secondaires hormis ceux attendus par leur mécanisme d’action (diarrhées huileuses).
Ces médicaments jouent ainsi un rôle éducatif. Plus vous mangerez gras, plus vous aurez des diarrhées huileuses. Vous allez ainsi repérer et apprendre à reconnaître les aliments gras et à les éviter.
En conclusion, non seulement le Xenical et Alli permettent une diminution de l’absorption des graisses, mais ils sont également des médicaments «pédagogiques» qui vous éduquent à manger moins gras.
Questions à Jean-Philippe de Toledo, pharmacien MBA
Que pensez-vous de la mise à disposition du public d’Alli via le pharmacien?
A la Pharmacie Principale, nous nous spécialisons dans la prévention des quatre maladies (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, diabète et cancer) qui sont responsables de sept morts sur dix en Suisse. De nombreuses études montrent que ces maladies trouvent leur origine notamment dans l’excès de graisse abdominale, car celle-ci est souvent comparée à une véritable usine chimique qui produit de nombreuses toxines. Or, comme l’effet principal d’Alli est de diminuer l’absorption des graisses, cela a pour conséquence de réduire à la fois le stock de graisse abdominale et le risque qui lui est lié. Ce médicament présente par conséquent un intérêt majeur pour les pharmaciens qui ont une formation dans le domaine de la prévention, car, pour eux, Alli est bien plus qu’un simple amaigrissant, c’est un moyen pour prévenir les maladies mortelles!
A qui faut-il recommander Alli?
Il faut se souvenir que le prédécesseur d’Alli, le Xenical (qui est délivré sur prescription médicale), a été d’abord testé pour la diminution du taux de cholestérol et de la tension. Au cours des études, on s’est aperçu qu’il faisait en plus maigrir les patients! C’est cette indication qui a finalement été retenue. Il faut savoir que les personnes présentant un tour de taille excessif, soit 88 cm pour les femmes et 102 cm pour les hommes, sont celles aussi qui sont le plus à risque pour les quatre maladies les plus mortelles. Par conséquent, en toute logique, on conseillera Alli à toutes celles et à tous ceux qui présentent un embonpoint manifeste ainsi qu’un bilan lipidique déséquilibré. Comme toutes ces mesures peuvent être faites à l’officine, grâce à Alli, nos pharmaciens «préventologues» pourront tout naturellement l’intégrer à la stratégie de préservation de la santé que nous proposons au public: le Plan Santé Perso®.
Quels conseils devraient accompagner l’utilisation d’Alli?
Le plus important est de positionner Alli dans une perspective de long terme. Alli doit en effet s’inscrire dans un programme de prévention des maladies par la perte régulière et durable de petites quantités de graisse qui ne semblent pas significatives au quotidien, mais qui ont des effets puissants sur la durée. Alli s’utilise par période de six mois au maximum. Le professeur Alain Golay, qui assure notre formation, nous explique souvent que 30 grammes de graisses en moins chaque jour correspondent à une perte de 5 kilos par semestre. Le professeur Gérald Theintz, quant à lui, rappelle qu’une réduction apparemment anodine de 20 calories par jour se traduit par 450 grammes de moins par semestre!
Pour apporter une aide concrète à celles et à ceux qui souhaitent entrer dans un tel programme, nous proposons deux ateliers. Le premier consiste à observer ses habitudes alimentaires, afin de mettre en évidence ce qui pourrait être amélioré sans que cela soit une contrainte trop importante. Le deuxième consiste à dépister les graisses cachées et à les éviter. Ce deuxième atelier est très important, car, lorsqu’on ne sait pas qu’on mange gras, Alli nous le rappelle en rendant nos selles grasses, ce qui peut poser un problème. Problème dont les inconvénients sont, soit dit en passant, facilement évitables si l’on prend le médicament après plutôt qu’avant le repas.
Proposer Alli pour diminuer les risques de maladies cardiovasculaires, de diabète et de cancer, est-ce crédible?
C’est plus que crédible, car les liens entre ces maladies mortelles et la graisse abdominale sont démontrés dans la littérature médicale. C’est la raison pour laquelle Alli est tellement intéressant pour les pharmaciens qui savent quoi en faire! Personnellement, je pense qu’Alli est trop utile dans l’amélioration de la santé et la qualité de la vie pour qu’il ne soit proposé que comme un simple amaigrissant.
Alli en détails
- Alli est un programme de perte de poids et non une pilule miracle : il n’est efficace que si sa prise est accompagnée d’un régime réduit en calories et pauvre en graisses, d’activité physique pour aider à perdre du poids et de changements progressifs de comportements alimentaires. Autant d’aspects traités en détail dans le mode d’emploi qui l’accompagne.
- Destiné aux personnes qui présentent un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 28, cette variante allégée du Xenical (60 mg contre 120) contient la même substance active: l’orlistat, une molécule qui empêche l’absorption par l’organisme d’une partie des graisses consommées en évacuant le surplus par voie naturelle. A chaque fois que l’on consomme des matières grasses, l’orlistat s’attache à une partie de cette matière grasse pour l’empêcher d’être décomposée par les enzymes naturelles de notre organisme. Celle-ci est alors évacuée.
- Les études réalisées aux Etats-Unis, où le médicament est autorisé depuis plusieurs années, montrent qu’un certain nombre de personnes reprennent jusqu’à 35% du poids qu’elles avaient perdu après l’arrêt d’un traitement à base d’orlistat. Cela illustre l’importance des mesures d’accompagnement qui permettent de stabiliser son poids à long terme.
- Comme tous les médicaments, Alli comporte un certain nombre de risques. Sa prise est contre-indiquée avec certains médicaments (ciclosporine, anticoagulants). Il ne doit pas être pris par les personnes allergiques à l’orlistat, souffrant de troubles du foie, de la vésicule biliaire, de calculs aux reins ou d’un syndrome de malabsorption chronique (défaut d’absorption des aliments dans le tube digestif). Il est déconseillé en cas de grossesse ou d’allaitement.